Lis, pense, deviens.

Rencontre avec Elisabet Guillot, auteure de romans fantastiques, créatrice du salon du livre de St-Papoul

Laurie Fourniaudou

Dimanche 12 février, j’ai rencontré et interviewé Elisabet Guillot. Après m’avoir gentiment offert un thé, confortablement installées dans son salon, nous avons démarré l’interview que je qualifierais plutôt de discussion extraordinairement profonde.

Elisabet Guillot est une auteure de romans fantastiques que j’ai découverte au salon du livre de Rouvenac, en novembre 2022. Sa joie, son sourire communicatif et sa bonne humeur contagieuse m’ont poussée à lui proposer ce projet d’interview. Quelle bonne idée ai-je eue ! Car non seulement j’ai discuté avec une écrivaine talentueuse, mais j’ai aussi découvert une personne hautement sensible, à la philosophie de vie incroyablement inspirante.

En effet, Elisabet a la particularité d’être autiste asperger. Et notre chère écrivaine a fait de cette différence, une force. Une force dont elle puise tous les avantages et qui font d’elle une personne émotionnellement riche, profonde, empathique, créative et qui a énormément à donner aux autres. J’ai donc eu le plaisir de discuter avec cette femme inspirante. Une femme qui n’est autre qu’une bulle de bonheur (ou une bulle de savon ?) et qui a évoqué sa différence avec simplicité et modestie.

Je vous recommande fortement de découvrir cette auteure merveilleuse. Grâce à ses mots aussi doux que beaux, elle saura illuminer votre journée. Sa vision de la vie et de l’art restera dans un coin de votre tête. Oui, je vous l’assure : vous ne pourrez pas oublier Elisabet…

Si je vous écris tout ça, c’est parce que ses propos ont fait écho à ce que j’ai déjà vécu ou ressenti dans ma vie. Lorsqu’elle répond aux questions, qu’elle évoque ses livres et son autisme ou quand elle dépeint sa conception du monde, j’ai l’impression qu’elle me raconte, moi.

Les mots ont un pouvoir extrêmement puissant. Celui de toucher en plein cœur, que ce soit en bien ou en mal. Ma rencontre avec Elisabet a eu cet impact-là sur moi. Ses mots m’ont captivée. Son récit m’a bouleversée. Et il était nécessaire que je vous partage ce beau moment.

Écoutez-la, lisez-la, mais surtout, ne passez pas à côté d’elle ! C’est une pépite à découvrir. Un trésor caché au fin fond des terres audoises…

Podcast de l'interview

Vidéo de l'interview

Transcription de l'interview

L :
Bonjour Elisabet, merci à toi d’avoir accepté mon interview, ça me fait très plaisir. Pour démarrer, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?

E :
Alors en quelques mots… J’ai 42 ans, je suis Espagnole et je vis en France depuis 22 ans. J’ai été infirmière pendant 12 ans et maintenant je suis en reconversion professionnelle et puis je suis écrivaine en France depuis 3 ans et en Espagne depuis longtemps.

L :
Alors concernant l’écriture, depuis quand est-ce que tu écris ? Est-ce que ça remonte à ton enfance ?

E :
Oui. En fait ça remonte à mon enfance parce que… J’ai une particularité, je suis autiste asperger. Et en fait je n’arrive pas à exprimer mes émotions ou ce que je veux dire par les mots. Donc souvent je passe par l’écrit. Au début c’était une façon de communiquer. Et après avec le temps c’est devenu un besoin.

L :
Et qu’est-ce que l’écriture te procurait justement à ce moment-là ?

E :
Alors quand j’étais plus jeune, la possibilité de sortir tout ce qu’il y avait dedans mais vraiment avec les mots justes parce que quand j’avais quelqu’un en face, je savais ce que je voulais lui dire mais j’y arrivais pas parce que j’étais impressionnée. Et maintenant ça m’évade en fait. Ça me permet d’imaginer d’autres endroits, c’est pour ça que je fais du fantastique et d’aborder des sujets qui me tiennent à cœur mais via l’écriture. Et de passer des messages encore une fois que je ne peux pas passer à l’oral.

L :
Est-ce que tu as gardé tout ce que tu as écrit depuis que tu as commencé à écrire ?

E :
Alors j’ai commencé très très très jeune, j’étais en primaire donc non. Mais par contre j’ai gardé les premiers livres que j’ai écrits, j’avais 15 ans, donc je les ai gardés. Et après c’est vrai que j’ai gardé des textes parce que je faisais beaucoup de ce qu’on appelle ici des « tranches de vie » sur des sujets particuliers. À l’époque je les avais dans des cahiers et je les ai gardés oui, mais en Espagne, ils sont chez ma mère.

L :
Et parfois il t’arrive de les relire ?

E :
Non, jamais ! En fait j’ai du mal avec ça. J’ai beaucoup de mal à me relire, pas me relire quand je fais un livre, mais quand je fais quelque chose de plus personnel. Là par exemple je suis en train de travailler sur un livre qui est censé aider à voir l’autisme d’une façon plus positive, donc forcément je vais rentrer dans mon expérience à moi. Et là j’ai du mal. J’ai du mal et à l’écrire et à le relire. Parce que je m’implique vraiment beaucoup plus que quand je fais une histoire fantastique en fait.

L :
Oui c’est autre chose, c’est plus personnel.

E :
C’est plus personnel. Alors ça dépend, je sais que ce que j’ai écrit auparavant, quand j’étais adolescente, je ne m’y connaissais pas bien, quand je les lis aujourd’hui c’est dérangeant. Donc je les lis pas ! Peut-être un jour.

L :
Est-ce que tu as toujours rêvé de publier un livre depuis que tu as commencé à écrire ?

E :
Pas forcément publié parce qu’en fait j’ai toujours voulu transmettre, ça oui. J’ai eu la grande chance d’avoir un grand-oncle qui était pour l’époque, en Espagne, c’était le seul de la famille qui savait lire et écrire et qui m’a fait me passionner pour les livres. Pour moi c’était un objet magique un livre. Et donc publier ça ne m’est jamais venu à l’esprit parce que ça voulait dire que j’allais m’ouvrir aux autres, que forcément ils allaient avoir un regard sur moi et comme j’ai beaucoup de mal avec tout ce qui est social et tout ça, je n’étais pas prête. Alors écrire ça me suffisait. Après, je suis arrivée à un âge adulte où on s’en fout. Voilà je m’en fous (rires). Et là j’ai franchi le pas.

L :
Et ça a été ?

E :
C’est-à-dire que ça a été, encore une fois, par rapport à ma particularité, quand je suis concentrée sur quelque chose je ne pense pas à ce qu’il y a autour donc je l’ai fait machinalement, toutes les étapes. Et j’ai réalisé quand j’ai eu les premiers retours de ce que j’avais fait. Et c’est là que tu te prends une claque parce que tu te dis : « Ah mais oui, y’a des gens qui sont en train de les lire en fait ! ».

(rires)

Et donc ce n’est plus dans mes mains, c’est dans d’autres mains. Des gens que je ne connais pas ! Et c’est là que pour les tout premiers livres ça a été une expérience un peu… Un ascenseur émotionnel quoi ! Au début ça monte vite en mode : « Wouah qu’est-ce qui va se passer ? ». Après avec l’expérience, voilà, on se pose. Mais au début je ne savais pas où j’allais, où je me lançais et à quoi m’attendre.

L :
Oui surtout ça.

E :
Surtout ça, à quels retours m’attendre et surtout une autoéditée. Donc je savais pas.

L :
Concernant ton parcours professionnel, j’ai lu sur ton site internet, dans la rubrique « À propos », que tu avais un parcours assez hétéroclite, qui n’a pas forcément de liens avec l’écriture. J’ai aussi vu que tu aimerais vivre, entre guillemets « un maximum d’expériences pour t’enrichir et t’améliorer ». Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce que tu as fait au cours de ta vie professionnellement parlant ?

E :
Oula oui. Alors j’ai fait beaucoup de choses. C’est-à-dire que je viens d’un pays en Espagne où tu peux travailler sous contrat à partir de 15 ans. Et dans ma famille j’ai été élevée par ma mère toute seule et mes grands-parents donc on n’avait pas beaucoup de moyens. Les études là-bas c’est pareil c’est des études qui sont payantes, comme aux États-Unis. Donc si je voulais faire des études il fallait que je travaille. Donc j’ai commencé très jeune, j’ai commencé par vendre dans des marchés, après j’ai passé plusieurs diplômes différents en fuyant le bac parce que je ne me sentais pas prête à passer le bac. Le bac n’est pas comme en France en Espagne. C’est encore une fois un style à l’américaine où tu t’évalues sur trois années, tu as une moyenne et cette moyenne va te suivre toute ta vie et qui va décider dans quelle université tu peux entrer ou pas. Et y’a pas de deuxième chance. Donc voilà tu as une note et c’est comme ça, c’est pour ta vie. Donc je ne me sentais pas prête donc c’est vrai qu’avant ça j’ai fait des études d’administration-comptabilité, du coup j’ai travaillé dans des entreprises à la facturation, j’ai fait du secrétariat. Après j’ai fait de l’informatique, de la programmation, tout ça en fuyant le bac. Et un jour je me suis rendu compte que c’était idiot de ma part et je me suis inscrite dans ce qu’on appelle en Espagne, un lycée de nuit. Donc on commence les cours à 17h, on finit à 22h, ce qui nous permettait de travailler la journée. J’ai eu mon bac littéraire, et je suis allée en philologie hispanique, c’est ce qu’on appelle ici une licence d’espagnol. Donc j’ai fait ça là-bas la première année, puis je suis arrivée en France, j’ai continué à travailler comme caissière… Alors des travails j’en ai fait : caissière, boulangère, j’ai été chinoise à Port Aventura…

L :
Ah oui tu as vraiment fait plein de choses !

E :
Plein de choses diversifiées… J’ai été secrétaire, j’ai vendu des maisons, j’étais agent immobilier pour l’un de mes oncles donc j’ai fait vraiment beaucoup beaucoup de choses depuis mon jeune âge. Et en arrivant en France j’ai été caissière puis j’ai fait l’école d’infirmière. Et pendant douze ans j’ai été infirmière en pédopsychiatrie, en psychiatrie, pédopsychiatrie et là je me reconvertis encore en préparatrice en pharmacie.

L :
Et pourquoi ce changement ?

E :
Alors ce changement c’est deux choses. La première c’est les conditions de travail. J’ai travaillé en hôpital public sans beaucoup de moyens. La reconnaissance je m’en fous mais en fait en travaillant en pédopsychiatrie, j’avais l’impression souvent d’être plus maltraitante qu’aidante avec mes patients qui étaient déjà mal. Et je rentrais chez moi avec la boule au ventre parce que je me disais : « Je n’ai pas fait tout ce qu’il fallait » mais pas parce que je ne le voulais pas, mais parce que je ne le pouvais pas. Cette frustration a commencé à s’accumuler et me dire que ce n’était pas pour ça que je voulais être infirmière. C’est pas pour faire comme ça. Donc j’ai arrêté. En parallèle j’ai créé avec mon mari une association pour l’autisme asperger que j’ai dirigée pendant 8 ans donc ça me permettait de faire des congrès, des formations, de former des gens, d’aller à droite à gauche, de diversifier… En fait c’était un peu une bulle d’oxygène par rapport à ce que je vivais à l’hôpital. Et un jour je suis arrivée à la maison, j’ai fini en pleurs parce qu’on a eu le cas d’une patiente récurrente qui avait fait plusieurs tentatives de suicide et qu’on a renvoyé chez son bourreau. Pour moi c’était la goutte de trop. Je me suis dit « Stop, je ne peux pas ». Donc j’ai arrêté là. Mon mari est pharmacien, bon lui il a toujours été pharmacien, il a repris une pharmacie ici dans l’Aude et je me suis dit « C’est le moment » d’autant plus que j’étais psychologiquement très fatiguée. Je ne supportais plus de travailler en équipe. Lui il comprend ma différence, il sait comment je bosse, qu’il faut que ce soit carré et avec lui je me sens bien. Mais ça veut pas dire que dans dix ans je ferai la même chose parce que c’est ça en fait, je me suis rendu compte que toutes ces expériences m’ont aidé énormément à me nourrir et par la suite à étudier les gens, et à les passer sur mes livres en fait.

L :
Ah oui d’accord. Tes expériences professionnelles t’ont aidée dans ton écriture.

E :
Ah oui toujours ! Toujours, toujours. Parce qu’en fait quand on est autiste, on observe beaucoup le comportement des autres pour essayer de comprendre et s’adapter aux autres. On est des sous-anthropologues en fait.

(rires)

Et ce qui fait que mes personnages sont, je pense, très riches psychologiquement parce que forcément dans mes livres, je les ai connus ces gens.

L :
Oui je vois, je comprends.

E :
Je les ai connus, je sais qui ils sont. Les gens savent pas mais moi je sais d’où ils sortent, qui me rappelle quoi et qui a fait quoi. Et c’est des comportements que j’ai vus. Chaque travail que je fais, chaque emploi, chaque personne que j’ai croisée, ça a apporté quelque chose.

L :
Ça c’est beau, de s’inspirer de son environnement.

E :
Et c’est pour ça que je ne veux pas m’arrêter là en fait. Je continue d’écrire, aujourd’hui je vais être préparatrice en pharmacie, demain je sais pas. Autre chose.

L :
L’avenir te le dira.

E :
C’est ça, c’est ça ! Et puis je n’ai jamais vraiment compris, à part si c’est une vraie passion, les gens qui arrivent à faire 30 ans le même métier. Je trouve ça tellement répétitif pourtant je suis autiste et ça devrait me plaire mais en fait non.

L :
Mais c’est vrai qu’aujourd’hui il y en a de moins en moins. Les jeunes d’aujourd’hui changent, ils changent beaucoup.

E :
Je pense qu’on vous demande, moi qui ai des enfants qui sont grands, on vous demande très jeune de décider de ce que vous voulez faire toute votre vie. Et à 18 ans on sait pas ce qu’on veut faire demain alors qu’est-ce qu’on va faire dans 30 ans c’est encore pire. Moi je dis toujours à mes enfants : « Faites ce que vous avez envie de faire tant que vous êtes heureux, je m’en fous. ». Honnêtement, vous pouvez travailler à la caisse, si vous êtes heureux, c’est tout ce qui compte. Si vous en tirez quelque chose, voilà. Après, aller travailler la boule au ventre, non.

L :
Non, ça il faut pas, je comprends. Et justement est-ce que l’écriture a seulement été une passion tout ce temps-là ou est-ce que tu as songé à faire de l’écriture un métier à proprement parler ? À vivre de ton écriture ?

E :
Ça je pense que c’est le rêve de tous les écrivains. Et c’est réussi par 5 ou 6 en France.

(rires)

Toujours les mêmes qui reviennent, les mêmes grands noms ! Donc je suis terre-à-terre, je sais que je ne vivrai jamais de ma plume. Parce que je suis personne en fait, je suis une parmi des milliers d’autres. C’est vraiment la passion de me dire : « Je veux faire ça parce que j’ai envie que les gens voyagent, parce que j’ai envie de transmettre des choses. ». Dans mes livres je remets beaucoup de choses en question, le libre-arbitre, les parents toxiques, les choses comme ça. Et j’utilise la fantaisie pour le faire passer. Du coup c’est ce qui me plaît. Donc je me dis « Tant que je peux faire ça, ça me suffit. ». Là au jour d’aujourd’hui j’arrive quand même avec les ventes à me financer les voyages dans des salons hors de mon département, ça me suffit, je suis contente. Je rentre dans mes frais, c’est bon. C’est tout ce que je demande.

L :
Alors aujourd’hui tu as écrit et publié 3 romans fantastiques qui sont réunis au sein d’une même trilogie que tu as appelée Le Réveil. Est-ce que tu peux nous en faire plus au sujet de ces romans et nous dire de quoi est-ce qu’ils parlent ?

E :
Le Réveil c’est une trilogie qui parle… C’est 3 tomes in crescendo on va dire dans l’histoire. Donc dans le premier tome qui s’appelle Le Désordre, on a Sofia qui est une Éveillée, une Éveillée c’est une personne quelconque. On les appelle comme ça parce qu’ils ont un Gardien qui leur est attribué et un Gardien ce n’est rien d’autre qu’une personne qui est décédée. Son âme. On lui a vidé toute sa mémoire et on lui a dit : « À partir de maintenant, tu vas t’immiscer dans le rêve d’une personne et tu vas la pousser à faire des choix pour que l’espèce humaine s’améliore. ». Puisque eux ne sont pas capable de le faire tout seul, nous les Gardiens, on va le faire à leur place. Donc Ewald reçoit Sofia à sa naissance, comme d’autres avant car lui a un âge beaucoup plus conséquent que Sofia, et il fait son travail. Et en fait ce sont deux mondes qui ne peuvent jamais se rencontrer. Sauf que Sofia a une particularité qui fait que quand elle arrive à un certain âge, elle arrive à voir le Gardien. Et ça va faire que la frontière va s’effondrer. Les souvenirs des Gardiens vont commencer à revenir. Et l’un comme l’autre, c’est-à-dire les Éveillés comme les Gardiens vont se rendre compte que finalement ils n’ont jamais été maîtres de leur destin et de leur vie. Et c’est ce que je te disais, ça pose la question du libre-arbitre. Ça pose la question de : « Est-ce qu’on vit pour nous ou est-ce qu’on vit pour les autres ? ». Est-ce que c’est la société qui nous façonne ou est-ce que c’est notre éducation ? Pareil parce qu’il y a une parentalité toxique, il y a des choses qui se passent, des secrets qui ressortent. Du coup dans un premier tome ça passe comme ça. Le deuxième ça approfondit encore plus des sujets comme le harcèlement, le suicide, l’homosexualité, dans une autre époque. Donc il y a une guerre entre les deux mondes dans l’Ordre qui gère les Gardiens et le monde humain qui finalement a ouvert les yeux, c’est pour ça que ça s’appelle Le Réveil, sur ce qui vient de se passer. Et à la fin, le dernier tome, Renaissance, ça veut tout dire, le monde tel qu’on le connaît aujourd’hui, est-ce qu’il vaut la peine d’être sauvé, ou est-ce qu’il mérite d’être revu ? Est-ce que finalement ces contraintes que l’Ordre avait instaurées étaient vraiment nécessaires ou est-ce que l’être humain peut valoir la peine tout seul ? Voilà mon livre parle de tout ça.

L :
C’est vraiment complet, ça touche plein de sujets, c’est super intéressant.

E :
Et du coup je passe par le rêve, donc par le subconscient. C’est-à-dire Ewald est comme tous les Gardiens, il intervient dans le rêve. Et ça leur donne la force, comme aux Ombrois, les Ombrois c’est les Gardiens qui s’occupent des dictateurs, soit d’en faire quelque chose de positif, soit quelque chose de négatif de l’être humain. Ce que je veux laisser paraître par là c’est que finalement l’être humain c’est une pâte à modeler et qu’il y a énormément de facteurs autour qui font qu’on devient peut-être quelque chose sans que nous on le veuille. Et y’a une histoire d’amour évidemment, c’est pour ça que ça s’appelle la romance fantastique mais c’est pareil, j’aime pas faire dans la praline, j’ai horreur de ça. Alors c’est vraiment une histoire d’amour qui est là pour mêler les deux mondes. C’est pour ça aussi que j’ai choisi la double narration, je veux que les lecteurs puissent avoir accès aux deux mondes. Ce que ressent un Gardien et ce que ressent un être humain.

L :
Et pourquoi avoir choisi le fantastique pour transmettre toutes ces choses-là qui sont réelles finalement ?

E :
Parce que le réel est trop dur. Le réel est beaucoup trop dur à transmettre, même pour moi pour l’écrire. Pourtant j’ai vu des choses, j’ai vécu des choses dans ma vie. Et je trouve que c’est très cru et que si je veux que les gens se remettent en question, il ne faut pas les heurter, pas les blesser. Quand on reste dans le réel, forcément ça réveille des choses en nous. Quand on est dans le fantastique, on s’identifie à un personnage d’accord, mais on est dans un autre monde en fait. C’est pour ça que j’utilise le fantastique.

L :
C’est plus simple aussi.

E :
C’est plus simple d’aborder des sujets difficiles comme par exemple il y a un de mes personnages qui a subi un harcèlement et des abus tout ça. C’est plus simple de les faire passer par la bouche d’un être qui n’existe pas dans notre monde que d’une personne normale, une personne humaine.

L :
Oui ça permet aussi je suppose aux lecteurs de s’évader, comme tu disais tout à l’heure. De voyager dans un autre monde et de s’échapper de ce monde réel qui est trop dur.

E :
C’est ça ! Alors moi je lis de tout, je suis très hétéroclite. Mais quand je lis des livres d’actualité, de livres contemporains, parfois j’ai du mal parce qu’en fait ça me touche énormément. Je suis extrêmement sensible. Ça va me travailler, ça va me travailler, pendant des jours et des jours et des jours. Et je vais avoir du mal à suivre la lecture parce que je m’identifie peut-être trop au personnage. Alors ce que je voulais c’est que, tout ce que j’écris, comme je le dis aux salons, à partir de 15/16 ans on peut les lire facilement, 14/15 ans. Et y’a même des personnes de 80 ans qui les lisent et qui comprennent les messages qu’il y a derrière et qui se remettent en question. Et c’est ce que je veux. Qu’ils remettent tout en question. Pour moi la vie n’est pas figée, elle n’est pas blanche, elle n’est pas noire. Il faut tout le temps, comme on disait par rapport à mon travail, il faut tout le monde se remettre en question, évoluer et apprendre. Je ne conçois pas ma vie statique. Je continue d’apprendre et évoluer sinon c’est la mort assurée. C’est l’angoisse, c’est la mort cérébrale, je me retrouve maman de 3 enfants, en attendant quoi ?

L :
C’est inspirant ce que tu dis je trouve. Ça fait écho aussi à mon propre vécu, même si je n’ai que 26 ans mais ça fait écho et c’est inspirant.

E :
Merci. C’est pas que j’attends beaucoup de la vie mais dans ma culture, encore une fois en Espagne, on voit la vie comme un passage, la vraie vie vient après et on doit faire le maximum ici. Alors j’attends, je me dis toujours que la vie peut être extrêmement dégueulasse, et dans ces moments-là il faut être fort mais quand elle te donne des cadeaux il faut les prendre. Et j’attends beaucoup de choses, et si elle me les donne pas, je vais les chercher. Mais je ne me vois pas être maman, mariée, et attendre quoi ? Demain il sera trop tard peut-être.

L :
Ça c’est un beau message en tout cas.

(rires)

Et l’inspiration, tu nous as dit que ça venait de toutes tes expériences professionnelles et autres, mais est-ce que tu t’inspires uniquement de ton environnement ou est-ce que tu as d’autres facteurs qui t’inspirent dans l’écriture de tes ouvrages ?

E :
Alors, je m’inspire de tout ce que j’ai vu, entendu, écouté, vécu. Mais pas d’ouvrages que j’ai lus ou des choses comme ça. Il me faut du concret, du réel pour comprendre déjà. Et une fois que je l’ai compris, pour le travailler. En fait c’est pareil, les deux années que j’ai passées en psychiatrie, pour moi les fous n’étaient pas dedans, à l’hôpital, ils étaient dehors. Parce que j’avais des discussions avec des gens qu’on qualifiait de fous qui pour moi souvent étaient beaucoup plus profondes que celles que je pouvais avoir avec des gens dehors. Et donc pareil ils m’ont apporté énormément de choses, je m’inspire aussi de leur vécu. Je me dis que je suis pas toute seule dans ce monde, y’a des milliards de personnes et chaque personne est un trésor quoi qui va m’apporter un truc. Donc j’essaye au maximum de faire des expériences encore une fois pour être riche dans mes écrits. J’arrive pas à faire autrement parce que tout ce qui est deuxième degré ou ??, tout ça avec mon autisme j’ai du mal à accéder. Donc voilà il me faut du concret. Il faut que j’ai accès à des choses réelles qui existent, des sentiments que j’ai vus, parce que j’observe aussi les gens, comment ils communiquent entre eux, qu’est-ce qu’il se passe… Quand on travaille en psychiatrie, on arrive facilement à cerner quelqu’un en parlant avec lui quelques minutes. Et finalement, encore une fois, je vais de surprises en surprises. Il y a des gens qui m’ont surprise positivement. Je suis surprise de me dire : « Je me suis peut-être trompée sur la personne ». Et après il y a des gens qui m’ont déçue mais même quand on m’a déçue, ça m’a apporté quelque chose.

L :
Oui qu’importe l’émotion, ça t’apporte toujours quelque chose.

E :
Toujours, toujours ! Et même moi qui ai tant de mal à mettre des mots sur mes émotions, j’arrive à comprendre celles des autres et à mettre des mots sur celles des autres. Et ça c’est étrange pour moi, c’est étrange pour tout le monde d’ailleurs, parce que moi je ne me comprends pas moi-même mais j’arrive à comprendre les autres.

(rires)

Et ça m’aide, ça m’aide après à les poser sur un papier.

L :
C’est riche je trouve d’avoir cette facilité de comprendre les autres, d’être observatrice, de ressentir ce que les autres ressentent.

E :
Ben c’est de la survie en fait parce que quand on est né différent, la différence n’est jamais… non, je dirais pas jamais mais la plupart des fois n’est pas acceptée parce qu’elle fait peur. Quand quelqu’un parle d’autisme, on s’imagine quelqu’un qui frappe sa tête contre un mur. On s’imagine pas que ça peut être monsieur madame tout le monde. Du coup ça a été de la survie. Il a fallu que je comprenne comment fonctionnent les autres pour que moi je m’adapte aux autres. Ça aurait été naïf de ma part de prétendre que 7 milliards de personnes pourraient s’adapter à moi. Je suis en minorité donc c’est à moi de faire des efforts et d’apprendre à ne pas en faire. Quand la personne n’en vaut pas la peine ou quand la situation n’en vaut pas la peine, avant quand j’étais plus jeune, je faisais des efforts, maintenant j’en fais plus.

L :
Ça sert à rien finalement de se forcer pour quelqu’un qui n’en vaut pas la peine oui.

E :
Ou pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine. Encore une fois, j’ai eu dans ma vie, je suis passée 3 fois très près de la mort, je sais que ça peut arriver à n’importe quel moment. Et j’ai pas envie de gâcher ça en fait. Donc du coup c’est de la survie, je m’adapte aux autres jusqu’à mes limites. Avant je le faisais pas et j’étais épuisée. Parce que les gens ils ont tendance à t’épuiser.

L :
Je comprends.

(rires)

E :
Après ça dépend, il y a des personnes qui sont des vraies trésors mais il y a des personnes, plus tu donnes, plus ils vont te demander. Et y’a plus de stop après.

L :
Mais ça doit être quand même difficile au quotidien de devoir s’adapter à tout son environnement finalement.

E :
Justement ! En fait, moi je suis autiste, et sur mes 3 enfants, j’en ai 2 qui le sont. Et le conseil que je leur donne, ma fille de 18 ans et mon fils qui en a 16, c’est : « Ne vous épuisez pas pour ce qui ne  vaut pas la peine, ne faites pas comme moi. Apprenez à dire non. Apprenez à prendre soin de vous d’abord, même si ça vous paraît égoïste, ça vous permettra après de donner quelque chose de bien à quelqu’un qui le mérite. Mais si vous vous épuisez avec des gens qui n’en valent pas la peine, après vous n’aurez plus de forces. Le matin vous avez un pot de Nutella et vous prenez des cuillers dessus et quand y’en a plus y’en a plus. Il faut savoir à qui vous le donnez quoi. ».

L :
C’est une belle image.

E :
J’essaye qu’ils ne commettent pas les mêmes erreurs que moi et que tous les gens différents de mon âge. Avant on savait pas, du coup la société nous poussait tout le temps tout le temps à être comme eux, comme ils voulaient qu’on soit quoi, à rentrer dans le moule.

L :
Oui, c’est vrai que ça doit pas être facile quoi.

E :
C’est surtout inutile parce qu’on y arrive jamais à rentrer. On n’en ressort que frustré et malheureux. Et puis on ne peut pas construire une vie comme ça en étant quelqu’un d’autre. Donc un jour je me suis lassée et j’ai dit stop. Qui m’aime me suive. Et même dans le travail, si j’ai quelque chose à dire je le dis. Et à l’école, parce que là je suis en formation, si j’ai quelque chose à dire, je le dis. Ça plait, ça plait pas, c’est pas grave je m’en fous.

L :
Tu te prends plus vraiment la tête quoi.

E :
Mais pas du tout. Je me sens bien. Je dors sur mes deux oreilles et je me sens bien. Je sais pas mentir non plus donc je dis toujours ce que je pense. Après les gens qui me connaissent savent souvent que c’est dans la bienveillance. Je suis responsable de ce que je dis, pas de ce que l’autre comprend. Donc c’est de la survie, tout simplement.

L :
D’accord. Eh bien il y a de beaux messages dans tout ce que tu as dit. Est-ce que tu as des auteurs, non pas qui t’inspirent mais que tu apprécies ?

E :
Oui. Ah oui oui ! J’ai Stephenie Meyer, pas pour Twilight. Mais pour d’autres œuvres qu’elle a faites comme Les Âmes Vagabondes, c’est un livre que les gens ne connaissent pas du tout et que moi ça m’a marqué beaucoup ce livre-là. Après j’ai Carlos Ruiz Zafon un écrivain Espagnol qui est décédé il y a deux ans, qui a écrit L’Ombre du vent. Et pareil, il est dans le réel, mais il y a toujours un côté fantastique dans lequel on s’échappe et on remet en cause tout ce qui nous entoure. Et évidemment, là le nom m’échappe car je suis terrible pour les noms anglais mais l’autrice de La servante écarlate.

L :
Oui, Margaret Atwood ! Je suis en train de le lire en ce moment.

E :
Elle c’est quelque chose, c’est au-dessus. C’est une visionnaire pour moi. C’est des personnes qui m’inspirent parce qu’elles sont à contre-courant en fait. Et ça ça me plaît.

L :
Quand ils rentrent pas dans le moule.

E :
C’est ça, ça me plaît ! ça me plaît de lire quelque chose d’un auteur qui ne se soucie absolument pas de ce que pensent les autres.

L :
Est-ce que tu peux nous dire comment est-ce que tu t’organises pour écrire tes livres en parallèle de ton activité professionnelle ? Quand est-ce que tu prends le temps d’écrire ? Plutôt le matin, l’après-midi, le soir, quand tu as le temps ?

E :
Quand je l’ai ! Alors normalement j’avais ma routine avant de commencer ma formation, maintenant avec ma formation je suis deux jours par semaines à Carcassonne, et le reste de la semaine je suis au travail. Donc c’est vrai que j’ai peu de temps. Et je suis très fatiguée le soir. Donc j’essaye d’avancer quand je le peux. Après je me mets pas la pression. Je me dis, j’ai l’histoire, j’ai les histoires même dans la tête, elles sont à moi, elles sont dans mon coffre, elles sortent au fur et à mesure et… Au volant, quand je conduis, je vois des images, je vois des choses qu’après je passe dans mes livres. Quand je le peux. Y’a pas de routine particulière, par contre il faut du silence, si possible être toute seule, pas de musique, rien du tout. Juste moi, mon ordinateur et c’est tout.

 

L :

D’accord ! Moi il me faut de la musique pour écrire. Y’en a beaucoup pour qui c’est le cas, il me semble. Mais c’est rarement dans le silence absolu.

E :
Alors je fonctionne à l’envers. J’écoute une musique et je vois une scène qui va passer dans ma tête, en voiture, souvent. Et cette scène je vais la garder, mais quand je vais l’écrire je veux pas la musique. Parce qu’en fait ça fait trop de stimuli pour moi, et j’ai vraiment besoin de m’évader et de m’évader dans mon histoire, pas dans ce que les paroles ou le rythme dit. Mais je sais qu’il y a beaucoup de gens qui ont besoin de la musique. Moi c’est le silence absolu. Comme dans un monastère, pareil, c’est ça.

L :
Et est-ce que tu écris d’autres choses que des romans ?

E :
Oui. Alors j’ai écrit des tranches de vie. Là je suis en train d’écrire un livre qui va s’appeler Bulle de savon qui parle justement du parcours de l’autisme d’une femme. Parce que ce n’est pas pareil une femme et un homme. Ça s’exprime pas de la même façon. Ça m’est arrivé d’écrire de la poésie aussi. Mais c’est des choses que je garde pour moi.

L :
C’est personnel.

E :
Oui les tranches de vie c’est pareil. Desfois une petite nouvelle par-ci, par-là. Mais parce que j’ai une idée, après ça peut devenir un livre ou ça peut devenir rien du tout. Mais j’ai envie de le coucher sur un papier et puis voilà c’est tout. Et on verra ce que ça donne.

(rires)

L :
Oui tu ne te prends pas la tête, c’est au jour le jour, c’est selon l’inspiration.

E :
C’est ça, c’est ça ! En plus jusqu’à maintenant je n’avais jamais entrepris deux projets en même temps, maintenant je le fais, avec Bulle de Savon et mon prochain livre que je suis en train de finir. Et finalement c’est pas une mauvaise chose car comme c’est deux genres qui n’ont rien à voir, quand je ne suis pas prête à m’évader dans la fantaisie, je reste dans le réel et vice-versa.

L :
C’est pas mal ça aussi, d’avoir deux projets en parallèle.

E :
Avec deux genres différents. Et en fonction de mon humeur !

(rires)

L :
Concernant la publication de tes ouvrages, tu nous as dit que tu étais autoéditée, est-ce que tu es déjà passée par une maison d’édition avant ou alors c’était vraiment un choix… ?

E :
Alors j’ai eu des propositions des maisons d’édition. J’ai eu 3 propositions de maisons d’édition à compte d’éditeur, je précise parce qu’après j’en ai eu d’autres à compte d’auteur et je ne voyais pas l’intérêt. Et en fait ça a pas matché parce que simplement on me demandait de dénaturaliser mon œuvre. Soit en réduisant, au lieu de faire une trilogie, faire une dilogie. Soit en rajoutant du sexe par-ci, par-là pour mieux vendre. Et en fait, je me dis « Non », tout ça pour avoir 10% de commission sur un travail que je fais moi-même ? Je ne veux pas pour l’instant à moins que demain il y ait une maison d’édition qui respecte mes choix et ma façon de vivre, je suis incapable de donner mon bébé à quelqu’un qui en fera un produit. Pour moi c’est pas des produits. C’est des messages, c’est des idées, c’est des histoires qui comptent. Et je suis pas prête à les vendre quoi. Donc c’est pour ça que j’ai choisi l’autoédition. C’est beaucoup plus dur mais je fais ce que je veux et quand je veux et je vais où je veux. Voilà.

L :
L’autoédition finalement c’est la liberté absolue.

E :
Je peux faire ce que je veux, je n’ai pas de deadline, je peux changer comme je veux mon histoire. Après je m’entoure de professionnels. J’ai une correctrice, comme je dis c’est ma magicienne parce qu’elle voit ce que je vois pas, une graphiste, quelqu’un qui s’occupe du site web aussi. Ça ce sont des choses que je suis incapable de faire et je considère que c’est des métiers à part entière et qui méritent de travailler aussi mais je reste libre de mes décisions. C’est moi qui me cherche les salons, c’est moi qui me cherche mes séances de dédicace. Si j’ai envie d’y aller j’y vais, si j’ai pas envie j’y vais pas. Si j’ai envie de sortir un livre je le sors, si je crois qu’il est pas prêt ben il est pas prêt.

L :
Donc aujourd’hui, si tu publies d’autres livres, tu ne passerais pas par une maison d’édition.

E :
Non.

L :
C’est vraiment l’autoédition que tu as choisie et qui te convient le plus.

E :
Voilà ! Et même les propositions que j’ai eues c’est des maisons d’édition qui sont quand même reconnues dans la romance et le fantastique et tout ça mais ça ne me correspondait pas. En fait c’est l’effet de me sentir attachée, de sentir que je dois changer pour les autres et à la limite que je dois même presque demander la permission pour faire quelque chose. Dans la création artistique je ne vois pas comment on peut allier les deux. Et je ne parle pas que d’écriture. Même des gens qui peignent, où les gens qui font des photos, je ne comprends pas. Je n’arrive pas à voir comment ils arrivent à accepter que quelqu’un leur dise quoi faire, comment et où. Avec quelque chose de tellement extraordinaire que la création. C’est comme si on te disait : « Tu dois être comme ça ! ». Chaque auteur, autoédité ou pas, dans les livres, même le plus banal des livres, il laisse quelque chose de lui-même. Et avoir quelqu’un derrière qui va me dire, comme ils me l’ont déjà fait : « Non tu vas me mettre plus de sexe là parce que c’est ce qui plaît ». Non c’est pas moi ça. Donc non.

L :
Je comprends ! Je comprends ! C’est dénaturer la personne et le livre.

E :
Et c’est faire des objets vendeurs. C’est très bien pour ceux qui veulent. Je critique pas. Je suis allée à des salons où y’avait des autrices qui ont déjà une dizaine de livres qui se ressemblent, c’est très bien, si eux ça leur convient. Mais moi je suis née libre et je mourrai libre. Donc s’il y a une maison d’édition qui respecte ça ou en tout cas qui veut travailler comme ça, en donnant des conseils je prends parce que je suis pas parfaite, loin de là. Et comme je t’ai dit tout à l’heure, j’en apprends tous les jours et je veux apprendre tous les jours. Jusqu’à mes 80 ans, je sais que je serai imparfaite. Donc je prends les conseils y’a pas de problème. Mais je ne changerai pas ce que je suis par contre.

L :
Ah non, ça il ne faut pas.

E :
Mais c’est ce qu’on me demandait. Et c’est pour ça que j’ai dit non.

L :
L’autoédition finalement c’est rester authentique et sincère.

E :
C’est ça. Et je lis énormément d’autoédités pour ça. Parce que j’ai découvert des pépites qui ne peuvent pas être vendus malheureusement en librairie parce que c’est des autoédités et que les libraires font un peu la gueule voilà. Mais c’est pas grave, je me suis régalée. Et j’ai vu à travers des textes une personne. Une plume. C’est quelque chose que je ne voyais pas dans des séries longues comme After ou des trucs comme ça.

L :
Y’a cette personnalité, y’a quelque chose.

E :
Y’a un truc, y’a un truc en plus, toujours. Dans un autoédité, y’a un truc en plus. La personne elle laisse ses tripes. Et ça se voit. Et c’est ce qui me plaît. Après je dis pas, les grands auteurs tout ça, je les lis aussi mais quelque part y’a du business derrière. Donc c’est biaisé.

L :
Alors que l’autoédition c’est les personnes qui se donnent elles-mêmes pour accomplir quelque chose.

E :
On perd de l’argent, ça il faut que les gens le sachent. J’arrive à équilibrer mes comptes maintenant au bout de trois ans mais au début j’en perdais, je mettais de ma poche pour donner aux autres. Et c’est ça qui est important, et c’est là que tu vois que la personne, elle veut écrire.

L :
Oui et qu’elle met, comme tu dis, ses tripes dans le livre.

E :
C’est ses tripes ! C’est ça. Et peu importe, là je suis en train d’écrire un livre autoédité avec lequel je suis sortie de ma zone de confort parce que c’est vraiment une romance. J’ai du mal, mais je vais aller jusqu’au bout, par respect pour l’auteur, par respect pour le livre et parce que malgré tout, ce n’est que moi. Je veux dire moi je peux le percevoir comme ça, mais quelqu’un d’autre va le percevoir d’une autre façon. Et le fait qu’il ne soit pas en maison d‘édition, pour moi ça veut dire que c’est authentique.

L :
Oui, je comprends… Est-ce que tu réalises beaucoup de dédicaces ?

E :
Je réalise des séances de dédicaces… non. J’en ai fait une à Cultura récemment, je n’en avais jamais fait avant. Par contre dans les salons oui. Je fais beaucoup de salons, tout le temps. La semaine prochaine je pars loin encore, je pars à Thiberville, c’est dans l’Eure.

L :
Ah oui c’est pas à côté !

E :
C’est pas à côté, y’a deux semaines je suis partie à Colmar. En fait, maintenant je commence à sortir de ma zone de confort. Et encore une fois, je me force parce que le soir je suis épuisée. Psychologiquement et physiquement. Psychologiquement parce que je vois beaucoup beaucoup de monde, parce que je suis très stimulée, parce que tout ça donc il me faut être dans ma bulle. Et physiquement parce que c’est loin et que j’y vais en voiture.

(rires)

L :
C’est vrai que c’est pas à côté !

E :
C’est pas à côté mais, rien que par exemple le salon que j’ai fait à Colmar, je l’ai fait avec ma fille aînée, on a dormi dans trois hôtels différents, on a mangé sur le pouce… C’était un peu comme un road-trip entre mère-fille. Je me suis éclatée et j’ai appris énormément de choses. Et en fait ça m’a ramenée énormément d’expériences. Et en fait je me suis dit : « Si tu restes dans ta zone de confort, si tu restes dans ton Occitanie là, c’est chouette hein, parce que je retrouve toujours les mêmes copains, mais tu vas pas apprendre. Moi ce que je veux c’est me mettre à l’épreuve, me surpasser, toujours. C’est pour ça, je me mets des défis de fou. Au mois de mai je pars en Belgique. Encore plus haut ! Soyons fous !

(rires)

Quand j’ai dit à mon mari : « -Je pars en Belgique ! -Hein ? -Oui oui je pars deux jours en Belgique, et j’ai envie d’y aller, et de voir les Belges, comment vivent les gens là-bas, et comment ils mangent, toutes ces choses-là. ». Je crois que ça ne peut que m’apporter.

L :
La diversité, la culture, les gens… Parce que tout le monde est différent et c’est vrai que ça apporte beaucoup !

E :
C’est ça ! Je suis peut-être une autiste atypique dans le sens où en général les autistes fuient les foules et tout ça. Moi je me force à y aller parce que ça m’apprend énormément de choses et ça me permet moi de m’améliorer en tant qu’être humain aussi. J’avais, encore une fois par ma culture espagnole, je suis née dans les années 80, à peine mon pays sortait d’une dictature, y’avait des clichés sociétaux qui étaient terribles avec un patriarcat, l’image d’une femme au foyer idéalisée, et ça… quand je suis arrivée en France, c’est la première fois où j’ai vu de la diversité culturelle. Ça n’existait pas dans mon pays à 22 ans. Et je me dis : « Mais tu es passée à côté de plein de trucs en fait ! ». Et y’a que comme ça qu’on s’améliore et qu’on arrête de dire des bêtises sur les autres. C’est quand on accepte qu’on est tous différents quoi.

L :
C’est beau. C’est un beau message aussi parce qu’il y en a beaucoup qui restent dans leur zone de confort et qui restent sur leurs clichés et préjugés et qui ne vont pas au-delà.

E :
J’ai pas envie de ça. En fait, j’ai envie de laisser un monde à mes enfants où chacun peut être qui il veut être. Aimer qui il veut aimer. S’affirmer comme il veut s’affirmer. Et faire ce qu’il veut. Moi je me dis que le seul objectif que l’être humain devrait avoir en vue c’est d’être heureux, c’est tout. Sans nuire l’autre. Parce que bon il y en a qui sont heureux en faisant un pognon de fou, en détruisant une planète par exemple, bon je rentre pas là-dedans, non c’est pas mon truc, mais pourquoi critiquer ce qu’on ne connaît pas, c’est parce qu’on a peur de l’autre c’est tout.

L :
Oui généralement c’est de la peur.

E :
Et moi, avant d’être publiée, j’ai pris beaucoup de temps, même sur les réseaux sociaux, pour parler avec des prostituées, j’ai parlé avec des trans, j’ai parlé avec des gens qui avaient fait des tentatives de suicide, tout ça, je parlais en privé avec eux, parce que je voulais connaître. Et j’ai découvert des personnes richissimes. Et ça, ça a fait tomber plein de clichés autour de moi. Et encore une fois dans tous mes livres, je considère l’être humain comme quelque chose d’unique. On peut tous très bien vivre ensemble si on le veut quoi. C’est juste que… c’est compliqué. Chacun tire, comme on dit, la couverture pour lui. Si j’avais un message à faire passer, ce serait ça. Soyez qui vous voulez être et on s’en fout.

L :
Mais c’est très difficile d’être qui on est vraiment. Je trouve que c’est très compliqué.

E :
C’est pour ça que j’ai écrit Le Réveil. Parce que je me suis rendu compte, par moi, par des proches et par des gens que j’ai observés, qu’on se dit heureux mais que finalement on ne l’est pas parce qu’on n’est pas soi-même. On est toujours quelqu’un par rapport à quelqu’un d’autre ou par rapport à une situation. Mais je connais très peu de gens qui n’ont pas de filtres et qui disent les choses clairement, qui disent ce qu’ils pensent et qui font ce qu’ils veulent faire. Moi je les admire ces gens-là. Je suis soignante et quand, par exemple, on a instauré la vaccination obligatoire, moi je me suis vaccinée pour mes convictions à moi, mais il y a certains de mes collègues qui ont préféré quitter la profession et je les admire. Même si je suis pas d’accord, j’admire ce qu’ils ont fait parce qu’ils sont allés au bout de ce qu’ils pensaient. C’est des gens vrais. Et ça comme tu dis c’est extrêmement difficile aujourd’hui d’être vrai. Alors moi j’essaye de m’entourer de gens qui sont comme ça et je perds pas de temps avec des gens qui s’adaptent à moi ou qui veulent s’adapter à tout le monde. Plaire à tout le monde c’est plaire à personne.

L :
Oui je comprends. Mais c’est difficile.

E :
C’est très difficile. Il faut avoir beaucoup, je pense, de force de volonté pour oser dire : « Je m’en fous de ce que tu penses de moi, je m’en fous de ce que pense l’autre… Je m’en fous d’être seule. Je m’en fous. ». Moi j’en suis arrivée là, il m’a fallu quand même 40 ans de ma vie.

L :
Ça demande quand même beaucoup de temps.

E :
C’est pour ça que j’essaye de dire à mes enfants dès maintenant : « Ne vous faites pas avoir car de toute façon vous n’en tirerez rien en étant quelqu’un d’autre. ».

L :
Non il faut rester soi-même. C’est comme ça qu’on sera heureux c’est certain. La société et l’entourage parfois font que…

E :
Ah oui et puis dès qu’on s’écarte un peu du moule, il faut rentrer. Soit il faut rentrer soit on cache. Moi je l’ai vu en psychiatrie, toutes ces personnes qui sont dépressives ou qui ont des problèmes d’anxiété, c’est moche à voir donc on les cache. Faut pas voir. Alors que c’est juste vous qui les rendez comme ça aussi. C’est cette société qui les rend comme ça aussi. J’entends dire que la dépression c’est qu’en Europe que ça existe. C’est pas faux. Mais c’est parce que c’est en Europe aussi qu’on vit dans une société d’apparence. Qui a la plus belle voiture, qui gagne le plus d’argent, qui est le plus heureux en ménage… Stop quoi. Je m’en fous. Personnellement, je m’en fous. Moi ma voiture c’est un outil qui m’emmène d’un point A à un point B. Et je n’arrive pas à comprendre qu’on puisse sacrifier sa vie pour du matériel ou pour une apparence. Ça je ne peux pas. Et c’est vrai qu’il faut être je pense, un peu je-m’en-foutiste pour arriver à dire…

L :
Je suis comme je suis et puis c’est tout quoi.

E :
Tu me prends tu me prends pas, je changerai pas.

L :
Et ça il faut vraiment être très fort aussi.

E :
J’en suis consciente. J’en suis consciente parce que je suis entourée de gens qui ne le sont pas, que j’apprécie énormément, c’est des gens que j’apprécie aussi mais qui sont toujours dans cette souffrance parce qu’ils veulent plaire à quelqu’un, ils veulent rentrer dans un groupe d’amis… Mais pourquoi ? Je veux dire, moi dans ma tête, ma question c’est : « Pourquoi ? Pourquoi tu fais tout ça ? Qu’est-ce que ça va t’apporter ? Après tu vas devoir faire la comédie à chaque fois. Et tu seras jamais toi. Donc les autres ne vont jamais connaître la vraie Laurie ou la vraie… voilà ! ». Ça sert à quoi en fait ? C’est un grand théâtre en fait, la vie. Moi je le vois comme ça. C’est pour ça que j’observe depuis toute petite pour apprendre le comportement des autres, pour survivre dans le monde qu’on m’a donné, et je me rends compte que ce monde est une grosse blague en fait. C’est un grand théâtre où chacun joue un rôle. Et quand tu creuses, quand tu vois la vraie personne derrière, là tu trouves vraiment un trésor. Mais il faut y aller quoi. Il faut que la personne s’ouvre aussi.

L :
Est-ce que tu apprécies les moments où tu rencontres des gens lorsque tu es dans des salons ? Je suppose que oui.

E :
J’apprécie… C’est toujours un moment de stress parce que dans un salon ça va très vite. Il y a des gens qui restent sur ton stand, bon y’en a qui restent discuter très longtemps et c’est très bien, mais il y en a qui restent dix minutes. En dix minutes, tu as quelqu’un en face de toi qui te connaît de rien, à qui tu vas donner une partie de toi ou pas, en tout cas tu dois lui expliquer ce que tu as mis dans ce livre-là et c’est toujours comme quand on passe un oral en fait. C’est excitant, c’est gratifiant, parce que les gens… pas plus tard qu’aujourd’hui j’ai reçu un message de quelqu’un qui m’a acheté un livre dans un salon et qui veut absolument les deux autres. Donc c’est gratifiant mais en même temps il y a des moments où c’est terrifiant parce qu’on ne sait pas qui on a en face. Et on saura jamais qui on a en face et du coup on se dit… Personnellement, je suis très humble, je suis qu’un être humain parmi d’autres, et je me sens petite. J’ai tendance à me sentir petite, même intimidée par les gens. Et j’admire beaucoup les gens justement parce que je les vois grands à côté de moi (rires). Ils ont fait des choses que j’aurais jamais osées faire ou dire ou je sais pas. Il suffit de pas grand-chose pour que j’admire un comportement ou quelqu’un. Et dans un salon j’apprécie mais j’ai peur aussi.

L :
C’est un peu l’ascenseur émotionnel.

E :
Tout le temps. C’est une montée d’adrénaline qui dure des heures. Parce qu’on est là, on a aussi envie de vendre notre livre, et quand on regarde autour de nous quand on est dans des salons littéraires spécifiques, on voit tellement de bons auteurs qu’on se sent forcément tout petit. Et le syndrome de l’imposteur il est là, derrière la tête là, il est là : « Coucou je te laisse pas, je suis là, j’arrive ! ».

(rires)

Et il faut lutter contre ça et se dire : « C’est pas grave. T’es là, fais ton taf. Essaye de faire rêver les gens, si ça marche, ça marche, si ça marche pas, c’est pas grave. ». Pour moi, y’a rien de grave.

L :
En plus d’être écrivaine, tu organises des événements littéraires comme le salon du livre de St-Papoul qui a eu lieu au mois de décembre. Alors comment est-ce que tu fais pour planifier et organiser ce type d’événement, est-ce qu’il y en a d’autres que tu organises dans l’année ?

E :
Alors j’en avais déjà organisé un quand j’habitais dans le Languedoc, donc près d’Argelès à ?, j’avais déjà organisé un salon. Là cette année on renouvelle l’expérience à St-Papoul, en décembre, on remet ça. Donc ça y est, j’ai sorti l’affiche, les bulletins, voilà. C’est pareil, j’ai envie… Je fais même pas ça dans le but… Je sais même pas quel but je pourrais avoir d’autre que le fait de je m’éclate en fait. Je m’éclate parce que pendant deux jours, y’a plein d’auteurs qui vont venir dans mon village, y’a plein de gens qui vont acheter des livres et qui vont être super contents de voir des auteurs, y’a des tables rondes, y’a des trucs qui vont se passer, y’a des conférences… Et ça ça m’éclate. Ça me donne un sens. Je suis écrivaine pour faire passer des messages mais je suis pas toute seule. Et partager ça avec d’autres gens, c’est génial, c’est vraiment génial. Et alors quand y’en a pas, ben il faut les créer. Moi je me suis dit : « Ben y’en a pas alors il faut le faire ! ». À St-Papoul y’en avait pas, eh bien je l’ai fait ! On se lance et on le fait. Et je ferai pareil partout je pense. Boîte à livres pareil. Y’en a pas, eh bien on va la faire. Il faut le faire. Mais pas pour moi. Parce que j’aime quand les gens sont heureux, quand ils viennent, quand ils ressortent avec un sourire. Parce que les auteurs sont super heureux parce qu’ils ont discuté avec quelqu’un qui a lu ses livres. Pour moi c’est une sensation indescriptible. Je peux pas l’expliquer. C’est même plus que quand moi je vends un livre. Je me sens bien. Je me sens dans mon élément et y’a des gens heureux autour de moi qui font ce qu’ils ont envie de faire, qui sont en train de s’éclater et on parle le même langage. Et ça c’est génial. Et puis initier les jeunes ! On a fait un concours d’écriture l’année dernière bon, le timing était un peu court, mais là cette année je m’y suis prise à l’avance parce que je m’y suis pris en février, donc je vais le remettre en place. Une catégorie ados-poussin on va dire, et une catégorie + de 18. Parce que pareil, parce que je me dis, on se plaint que les jeunes s’intéressent pas à la lecture et tout ça mais…

L :
On fait rien pour non plus.

E :
C’est ça ! Faut leur donner l’envie, faut leur donner le goût. Ecrivez ! Moi y’a pas mal de jeunes qui viennent sur mon stand quand je suis en salon et qui me disent… Pas plus tard qu’à Colmar et une jeune fille, elle est sur internet, elle écrit avec d’autres copains et tout, elle demande des conseils… Moi je leur dis toujours : « Mais faites ! Foncez, même si c’est pas bon on s’en fout ! C’est peut-être pas bon aujourd’hui, ce sera bon demain. C’est peut-être pas bon pour toi mais pour quelqu’un d’autre. Mais si tu en as envie, fais-le ! ». Je suis intervenue au lycée de Castelnaudary, au lycée agricole, pour leur parler du métier d’autoédité, et c’est à la fin de l’intervention, y’en avait au moins 3 qui n’osaient pas écrire, qui voulaient, mais qui n’osent pas. Ils écrivent, mais ils n’osent pas aller au-delà. J’ai dit : « Mais qu’est-ce que vous avez à perdre ? On s’en fout ! ». Moi je leur dis toujours ça, je sais que c’est une phrase qui revient souvent chez moi mais quand tu as compris que la vie ça peut s’arrêter demain, on s’en fout complètement. Fais ce que tu as envie de faire. Fais ce qui te rend heureux. Ne te soucie pas du regard des autres. Et si ça te blesse le regard des autres, je leur dis : « Tirez quelque chose, ça vous rendra plus fort. ». Je pousse tous ces jeunes… Il faut qu’il y ait des gens qui lisent, il faut qu’il y ait des gens qui écrivent. Et on a des choses à dire. Et les jeunes ont énormément de choses à dire. Et même pour les générations comme les miennes et les plus vieux, lire des livres des gens plus jeunes que moi, ça m’aide aussi à les comprendre eux, comprendre ce que eux ils vivent. Comment pourrais-je comprendre ce que vit ma fille de 18 ans ? Je suis pas dans sa vie, je suis pas dans la fac, je suis pas dans ses amis… C’est une autre génération. Donc je veux apprendre. Et ils ont des choses à dire. La société a tellement changé, ils ont des choses à dire. Moi j’attends qu’une chose c’est qu’ils le disent, que je puisse les lire.

(rires)

Moi j’ai confiance dans les générations à venir parce que je vois que les gens se bougent, qu’ils prennent conscience des choses, et je me dis : « Il faut leur donner les billes ». Aux jeunes il faut les aider, il faut les pousser. Comme tu dis il faut leur donner des outils. C’est bien beau de dire « Faites » mais avec quoi ? T’es mignon mais avec quoi ? Donc si y’a des darons et daronnes derrière, qu’ils poussent, qu’ils poussent, qu’ils leur ouvrent les portes au lieu de leur couper les ailes et de leur dire : « T’y arriveras pas ! ». Ne dites pas ça aux enfants, ne dites pas ça aux jeunes. Dites : « Vas-y, fonce ! ». C’est tout. Fonce. Au pire tu te prends un mur, c’est pas grave.

L :
Tu te relèveras.

E :
C’est ça.

L :
Et tu apprendras.

 

E :
Et tu apprendras à sauter plus haut !

L :
C’est une jolie philosophie de vie. Fonce, réalise tes rêves, fais.

E :
Fais. Personne ne fera à ta place. Et plus vite on s’en rend compte, on est vieux. C’est trop tard après. Y’a pas de machine arrière, y’aura que des regrets. Alors moi je préfère vivre avec, on va dire, des expériences ratées, que des regrets. Parce qu’au moins j’ai tenté. Ça marche, ça marche pas, je m’en fous j’ai tenté. Vieillir avec les « et si », c’est dur. Ça doit être très dur ! Moi je veux pas ça.

L :
Oui il faut foncer, il faut foncer, je suis d’accord. On n’a rien à perdre. On n’a rien à perdre à essayer les chose que l’on aime faire.

E :
Rien ! Nos aïeux nous ont donné toutes les clefs. On a le droit de vote, le droit de l’avortement, le droit de plein de choses. Eh bien il faut s’en servir de tout ça. On a le droit de voyager, on a le droit de faire… Mais faisons ! Et dans mes livres c’est toujours ça ! Faites. Fonce ! Ne te laisse pas arrêter par… Ben je sais pas.

L :
Par des barrières peut-être qui…

E :
Qui n’existent pas. Qui existent pour certaines personnes qui ont tout intérêt à contrôler un peuple, c’est comme ça, ça a toujours été comme ça. Maintenant, j’ai toujours dit : « Je préfère être le mouton noir et penser que de suivre les autres. ». Ça ne me sert à rien de marcher là où les autres marchent. J’apprends rien.

L :
Donc être différent et accepter sa différence.

E :
J’adore ma différence. J’adore être différente et j’adore ma différence, je l’ai acceptée. J’ai mis du temps à me dire, à accepter que j’étais différente parce que on me le faisait sentir comme si c’était quelque chose de mal. J’étais pas comme tout le monde donc je ne pouvais pas avoir des amis, j’ai grandi sans amis, sans connaître de choses que les autres connaissaient comme les fêtes, les sorties, je les ai connues beaucoup plus tard. Mais parce que j’étais exclue, parce que je ne correspondais pas à ces codes-là. Et finalement, j’aime. Tant mieux. Aujourd’hui je me dis tant mieux. Parce que ça m’a permis de voir d’autres choses que eux ils ont pas vu. De faire d’autres expériences que eux n’ont pas faites, et d’être qui je suis aujourd’hui. Donc oui j’aime ma différence, j’aime mon autisme, j’aime que chacune des personnes qui m’entoure soit différente.

L :
La diversité.

E :
Mais c’est ça. C’est ce que je veux. 

L :
Alors pour reprendre un petit peu sur les réseaux sociaux, tu as un compte d’auteur sur Instagram et tu as un site internet, est-ce que tu y es très active ? Donc le site internet tu nous as dit que c’était un professionnel qui s’en occupait, mais Instagram est-ce que tu y es très active, est-ce que tu publies beaucoup de choses ?

E :
Alors Instagram je l’ai connecté avec Facebook donc du coup ça fait double tâche. Je publie sur Instagram et ça passe sur Facebook direct. Comme ça c’est fait. Mais oui j’y suis très active parce que je sais qu’il faut l’être. Mais pareil, je refuse encore une fois, de m’imposer un rythme, je fais ce que j’ai envie. Là je fais des concours tous les dimanches pour faire gagner des livres que j’avais en double. J’avais envie de faire plaisir aux gens et je l’ai fait. Cette semaine, j’ouvre les nominations aux Oscars des autoédités, c’est quelque chose que j’ai déjà fait l’année dernière, donc les gens ils vont proposer leur auteur et leur livre autoédité préféré et après il y aura comme dans les Oscars des votes, etc. Et le gagnant aura des prix. Et je fais ça encore une fois parce que ça me plaît de mettre les gens en avant. Mon compte n’est pas là, et les gens qui vont sur mon compte Instagram ils s’en rendront compte vite, il est pas là que pour mes livres. Pour les autres aussi. J’aime mettre en avant les autres, je fais des Réels sur les lectures que je fais, pour les mettre en avant. Quand je vais dans un salon, je les mets en avant, quand je reçois un livre de quelqu’un ou que je rencontre un auteur dans un salon, je mets en avant son compte parce que je sais qu’il y a un certain nombre de personnes qui me suivent, assez conséquent, et je me dis c’est dommage quoi. Vas-y profite. Partage ! Mais partage avec les autres ! Ben du coup c’est ce que je fais. Donc oui sur mon compte je parle de mon travail mais pas que. Tous les jours je mets un petit message. Tous les soirs en général je mets une citation parce que j’aime bien partir dormir avec une citation. Et j’explique souvent ce qu’il m’arrive dans les journées. Mais je me mets pas la pression. Si les followers descendent, j’en ferais pas un drame. Si j’ai pas 7 vues sur un truc, je m’en fous.

L :
Oui c’est pas ce qui importe finalement.

E :
Non je m’en fous ! C’est pas grave ! Encore une fois c’est une vitrine. C’est une apparence. Alors ce que eux voient, et ce qu’ils vont voir, c’est moi. Les gens qui vont venir sur mon Insta, qu’ils s’attendent pas à de l’édulcoré, c’est moi. C’est moi avec mes défauts, mes vertus et tout ce que tu veux mais c’est moi. Tu prends ou tu prends pas. 

L :
Est-ce important pour toi aujourd’hui en tant qu’auteure d’être polyvalente, sur tous les fronts, dans le sens où aujourd’hui un écrivain ne se contente pas seulement d’écrire mais aussi d’être sur les réseaux, et comme tu le fais toi, de planifier des événements comme le salon du livre de St-Papoul. Est-ce que pour toi c’est important d’être sur tous les fronts, un petit peu partout en tant qu’écrivaine ?

E :
Ça dépend de la personnalité de chacun. Moi je sais que j’ai ce côté où je peux jamais être tranquille, donc il me faut toujours un truc qui me motive. Quand c’est l’écriture, c’est l’écriture. Bon c’est toujours l’écriture mais à côté j’ai toujours un projet caché quelque part. Une folie, un coup de fou… Et je le fais. Et je pense que ça dépend de la personnalité de chacun. Il faut pas se forcer.

L :
Il faut faire ce qu’on aime, principalement. Si c’est qu’écrire, il faut juste écrire.

E :
Si tu aimes que écrire, tu aimes que écrire. Si tu te sens pas capable ou si tu te sens pas l’envie d’organiser un salon, ne te force pas. Ne le fais pas parce que ça ne t’apportera rien en tant que personne. Après, si tu en as envie, fais-le. Fais-le ! Entoure-toi des bonnes personnes et fonce. Parce que les choses comme ça, être sur plusieurs fronts, toute seule, c’est juste pas possible. Il faut être bien entouré aussi et avec les gens qui partagent une passion ou qui ont envie de faire des choses comme toi. Parce que toute seule ça peut se faire, mais pff…

L :
Après y’a aussi le partage avec les autres personnes qui sont là pour te soutenir…

E :
Quand tu fais une convention, un salon ou tu organises quelque chose comme ça, tu le fais pas pour toi, tu le fais pour passer un super week-end avec plein de gens qui vont t’apporter des choses. Le faire toute seule dans son coin, je ne vois pas l’intérêt.

L :
C’est toujours cette notion de partage et de transmission avec d’autres personnes.

E :
Moi je pense que la littérature c’est ça. Ça a toujours été ça. C’est transmettre. C’est partager depuis l’Antiquité et je vois pas pourquoi ça changerait maintenant quoi. On transmet différemment, mais on dit les choses telles quelles quoi parce qu’on a envie de dire quelque chose. Et on a envie de laisser une trace peut-être aussi. Moi je sais que si demain je viens à disparaître, y’aura une trace. Je suis passée par là, j’ai fait des choses. J’ai pas seulement publié des livres, mais St-Papoul, j’ai organisé un salon, j’ai apporté quelque chose à un village. Ça me suffit. Bon après j’ai fait des enfants et tout ça, bon tout le monde fait des enfants, enfin tout le monde, beaucoup de gens font des enfants, mais de me dire voilà t’as fait quelque chose, t’as apporté quelque chose à la communauté. Et quand tu partiras, ça restera.

L :
Et ça pourra même continuer après.

E :
L’association que nous avions créée avec mon mari, nous l’avons dirigée huit ans dans les Pyrénées-Orientales. Nous sommes venus ici et nous avons passé la main. Mais elle existe toujours. Et on fiers. Elle existe encore, elle est toujours là et elle travaille pour les personnes autistes. Et on s’est dit : « Chouette ». On a apporté quelque chose. Parce que c’est pareil venir au monde et partir sans avoir rien laissé… Apporte ta petite… même si c’est un grain de sable quoi, mais c’est un truc.

L :
J’ai un peu cette même philosophie dans le sens où mes grands-parents par exemple, ils ont travaillé toute leur vie, c’est des immigrés portugais et moi j’ai envie de laisser une trace de leur vie sur cette Terre en écrivant leur biographie justement. Donc c’est un projet que j’ai et je trouve que c’est très important de laisser une trace de soi et de ceux qu’on aime aussi sur cette Terre, pour moi, à travers l’écriture notamment et c’est hyper important.

E :
C’est super important. Déjà pour toi. Parce qu’il y a une émotion. Y’a un engagement, y’a une reconnaissance envers ces personnes. Déjà, envers eux, ils ont pas vécu pour rien. Et déjà pour ceux qui vont le lire et qui vont apprendre ce qu’il s’est passé et qui vont se dire : « Ah ouais quand même ! ». C’est énorme !

L :
C’est ça. C’est un lien entre le passé, le présent et l’avenir, entre plusieurs générations qui peut inspirer d’autres personnes…

E :
Moi je dis il y a même des livres avec des expériences comme pour tes grands-parents, qui peuvent tomber dans les mains de quelqu’un qui est au fond du trou, et se dire : « What ? Qu’est-ce que je fais là ?! ».

L :
Et qui pourra se relever grâce à ces mots-là !

E :
Oui c’est ça ! Donc on n’est même pas conscients que quand on écrit quelque chose et qu’on le transmet, de l’impact qu’on a sur la personne qui lit. Ça je trouve que c’est à double tranchant, car ça peut être positif comme négatif mais on n’est pas conscients de la portée de nos mots. Et en même temps, ça peut aider.

L :
Oui, ça peut aider. Les mots ont un pouvoir immense pour moi. Que ce soit positif ou négatif mais pour moi ça a un pouvoir immense. Et ça je trouve que c’est magique avec l’écriture.

E :
C’est magique. Moi je le dis toujours un bon film ne changera jamais un bon livre. Ce qu’il se passe dans ma tête, ce que je m’imagine moi, c’est pas forcément ce que je verrais à la télé. Et parler avec quelqu’un, tout simplement. Moi ça m’arrive souvent de croiser dans la formation où je suis, des jeunes filles et tout ça, et leur dire : « T’es super canon aujourd’hui ! ». Ah ça fait bizarre, je sais ! Une dame de 42 ans vient voir une fille de 17 et qui lui dise : « T’es canon ». Mais d’une c’est vrai, et deux, elle, elle a peut-être besoin de l’entendre. Que quelqu’un lui dise : « T’es belle aujourd’hui » quoi. Et j’aime bien dire aux gens : « Tu peux le faire, t’es chouette, vas-y, t’es intelligente. ». De dire des choses comme ça je trouve qu’on le fait pas.

L :
Non on le fait jamais.

E :
On le fait jamais. Gratuitement en tout cas. Et moi j’aime bien. J’aime bien la réaction de l’autre ! ça m’éclate à chaque fois !

(rires)

Parce que bon je suis dans une promotion où la moyenne d’âge est 18 – 20 ans, j’en ai 42, je suis un peu la maman, et c’est vrai que quand j’arrive et que je dis à quelqu’un : « Aujourd’hui t’es super jolie ! », ben pour moi c’est rien, mais pour cette personne, peut-être que sa journée a commencé pourrie, et que finalement je lui ai peut-être apporté un petit rayon de soleil.

L :
Ah je suis d’accord, ça m’est arrivé une fois où je faisais mes courses, et j’avais une caissière en face de moi qui était très très très souriante et moi ça m’a fait un bien fou. Et je lui ai dit à la fin, quand je suis partie, je lui ai dit : « Bonne journée et merci pour votre sourire ». Elle était surprise, elle a dit : « Ben avec plaisir ! » mais je voyais qu’elle était surprise qu’on lui ait dit quelque chose comme ça, juste qu’on l’ait remerciée, parce qu’elle avait le sourire.

E :
Parce que les gens n’ont pas l’habitude de dire les choses. On dit que des choses méchantes. On dit jamais des choses bien. Et je pense que si on poussait chacun de nous à dire à quelqu’un d’autre, c’est tout bête mais tu te lèves le matin et tu dis : « Tiens ce matin tu as un truc, tu es solaire. ». Mine de rien, cette personne cette journée va lui paraître différente. Et c’est énorme déjà. Et comme tu dis ça ne coûte rien.

L :
Ça ne prend que quelques secondes et ça peut rendre une personne… C’est donner gratuitement sans recevoir.

E :
Il faut pas attendre quelque chose en retour. Moi je ne supporte pas les gens qui disent : « Oui mais t’es gentille avec tout le monde et après les gens ne te le rendent pas. ». Mais j’attends pas qu’on me le rende. Je m’en fous, encore une fois (rires). Je fais ce que j’ai envie. Si j’ai envie de te dire que t’es belle, t’es belle, si j’ai envie de te dire que ça te va pas ben ça te va pas. Et je le dirai pareil. Avec bienveillance, mais je le dirai quand même. Je pense que les gens devraient être plus francs. Positifs, toujours. Voir ce qu’il y a de bien dans les gens au lieu de chercher ce qu’il y a de mauvais. Y’a toujours du bien dans les gens.

L :
Heureusement oui !

E :
Peut-être pas certains personnages de l’Histoire mais à un moment donné, je me dis que… Nous en psychiatrie, on voit toujours un bébé, quand il vient au monde, tu fais ce que tu veux avec. C’est de la pâte à modeler. À un moment ça a déconné, ça a déconné. Et c’est devenu un dictateur ou un tueur en série, j’en sais rien. Mais à la base, c’était quelqu’un. Et c’est cette personne-là qui m’intéresse. C’est celui qui était avant et pourquoi.

L :
Pourquoi il est devenu comme il est devenu oui.

E :
Qu’est-ce qui lui a manqué ? Parce que moi je pense que c’est parce qu’on manque toujours de quelque chose qu’on tourne mal. On peut pas tourner mal si on a trop d’amour.

L :
Oui je pense que c’est plutôt rare.

E :
Je veux dire si on a toujours du soutien tout ça… C’est parce qu’on manque en général.

L :
Est-ce que tu as d’autres projets dans le milieu de l’écriture à l’avenir ?

E :
Ben là je suis en train de finir ma nouvelle romance fantastique. Cette fois-ci, je vais aller chercher dans le côté on va dire du bien du mal, Diable, pas Diable, mais pour transmettre un message de : est-ce qu’on peut changer ? Est-ce que les gens peuvent changer, est-ce qu’on est prédestinés à être, voilà ce qu’on disait, est-ce que le déterminisme vient de ce que nos parents veulent qu’on soit ou est-ce qu’on peut être autre chose ? Donc ça va être dans ce sens-là. Romance, fantastique, voilà, il y aura Lucifer par là… Et après y’a Bulle de savon que je continue quand je le peux parce que comme c’est très personnel, c’est difficile à écrire. Pour l’instant ce sont les deux projets qui sont là. Et après y’en a d’autres. Y’en aura toujours des histoires à raconter.

(rires)

L :
Et est-ce qu’on peut, peut-être sur ton site, acheter tes ouvrages, si nos auditeurs sont intéressés ?

E :
Oui. Alors on peut dans mon site. Il est pas à jour, il faut que j’en parle avec la personne qui s’en occupe pour le mettre à jour pour le troisième tome mais on peut sur le site. Et on peut directement en me contactant. Je les dédicace, je les envoie. Je mets des petits marque-pages, des petits cadeaux, j’aime bien et je les envoie, je les fais voyager. Il suffit de me contacter et puis voilà.

L :
Bon eh bien c’est la fin de notre échange. C’était vraiment hyper constructif, intéressant, plein de partages, plein de transmissions de philosophies de vie. C’était vraiment passionnant. J’ai adoré discuter avec toi, c’était plus qu’une interview, c’était un échange… Une discussion finalement. Et c’est vraiment très inspirant, même à titre personnel, c’est très inspirant.

E :
Alors je suis contente. Si ça t’a fait du bien, je suis contente. Parce que j’appréhendais un peu, voilà, c’est comme dans les salons, je sais pas qui je vais avoir en face. Et finalement je suis à l’aise, parce que tu es quelqu’un de sensible et ça se voit. Et tu as énormément de choses à donner. Alors fonce, vas-y.

L :
C’est ce que j’essaye de faire en tout cas.

(rires)

E :
En tout cas c’est génial, rien que de faire ce que tu fais là, c’est génial. Ça c’est déjà énorme. Tu apportes quelque chose à quelqu’un. Moi tu m’as apporté quelque chose aujourd’hui. Tu m’as sortie de ma routine, tu m’as apporté quelque chose et j’ai appris des choses avec toi. Et j’espère que ça t’a apporté quelque chose aussi.

L :
Oh ben oui, franchement, énormément de choses même.

E :
Bon ben tant mieux alors !

L :
Bon ben merci beaucoup, merci aussi à ceux qui nous ont écoutées.

E :
Merci !

L :
Et à bientôt !

E :
À bientôt !

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